Suite au changement des programmes de lycée en physique, la commission enseignement de la Société Française de Physique (SFP) a mené une enquête auprès des enseignants du supérieur. Parmi les 270 répondants, 50 % enseignent en 1ère année de Licence, 35 % en classes préparatoires et 15 % en 1ère année de Diplôme Universitaire Technologique.
Malgré un questionnement plus développé et une interaction accrue des étudiants, les collègues ont constaté un raisonnement plus approximatif, des difficultés à résoudre des problèmes de physique compte-tenu des concepts scientifiques non maîtrisés ainsi qu'un manque de rigueur. Ceci est renforcé par le fait que la physique, perçue par les étudiants comme une matière descriptive, est peu en lien avec les mathématiques dans les programmes, la physique se réduisant à l'étude de documents. Malgré un élargissement de la culture scientifique, les étudiants n'ont pas une vue globale de la physique, les connaissances étant très cloisonnées et non consolidées. La mobilisation des connaissances dans différents contextes devient alors très difficile et les étudiants ont ainsi tendance à appliquer des recettes. Les difficultés pré-citées étaient plus ou moins déjà détectées chez les étudiants « moins bons » ou « moyens ». Par contre, le fait nouveau est que même les étudiants « bons » et « très bons » ont été impactés et présentent les mêmes difficultés. D’ailleurs, il ressort globalement de cette enquête que l'impact a été plus ressenti en classes préparatoires qu'en licence.
Les résultats de cette enquête se trouvent dans le lien ci-dessous.
Ils ont été largement diffusés auprès des Universités (directeurs(trices) des facultés de science, de département de physique). Une partie d'entre eux ont été alertés lors du colloque de la CIRUISEF qui s'est tenu en novembre 2014 où une présentation des résultats a été faite. Les résultats de l'enquête ont également été transmis aux enseignants de CPGE membres de l'Union des Professeurs de classes préparatoires Scientifiques (UPS).
Parmi les intéressés :
- La commission enseignement de l'Académie des Sciences s’est montrée sensible à ces résultats. Une intervention de la commission enseignement de la SFP devrait se tenir en 2015 à l'Académie des Sciences pour les présenter.
- La Conférence des Inter-Irem Universitaires, regroupant des mathématiciens, a sollicité la commission enseignement pour venir présenter les résultats de l'enquête. Cette rencontre aura lieu le 28 mars 2015.
- La commission enseignement de la SFP a récemment été contactée par le Syndicat National des Enseignants du Second degré pour intervenir lors d'une table ronde sur l'impact des nouveaux programmes dans l'enseignement supérieur. Cette rencontre aura lieu le 7 janvier 2015 à Paris.
L'Union des Professeurs de Physique et de Chimie (UdPPC) va publier les résultats de l'enquête de manière intégrale dans le Bulletin de l'Union des Physiciens. Une synthèse de deux pages sera également publiée dans la revue de la SFP "Reflets de la Physique", accompagnée d'une brève introduction en première de couverture.
A plus long terme, un groupe inter-associatif a vu le jour : il regroupe des membres de l'UPS, de l'UdPPC et de la commission enseignement de la SFP. Des réflexions sont menées au sein de ce groupe pour ensuite élaborer des recommandations qui seront relayées par ce groupe auprès du Conseil Supérieur des Programmes piloté par le Ministère. Ce conseil devrait travailler sur les programmes de lycée courant 2016 ou 2017.
Résultats de l'enquête sur l'impact des programmes de Lycée
en première année d'enseignement supérieur
Merci pour cette enquête dans laquelle je me retrouve également en tant que professeur de SII. Electricité et mécanique, calculs vectoriels et différentiels étant évidemment les plus gros manques. (...) Au fond, je m’inquiète de la doctrine, ou peut-être pire, de son absence, dans cette ‘rénovation’ des programmes : comment peut-on assumer la contradiction entre nécessité de former de futurs chercheurs innovants et enseignement scientifique privé de son squelette? Le risque est réel de désarçonner définitivement quantité d’étudiants, exactement l’opposé de l’objectif affiché.
LT, Professeur CPGE PCSI/PSI
Je vous remercie pour votre travail d'enquête sur la réforme du lycée qui désormais quantifie ce que beaucoup de professeurs percevaient comme un nouveau désastre pour l'enseignement de la physique.
A la lecture de ce rapport, me reviennent en mémoire quelques mots clefs prononcés par ceux qui étaient en charge de la mettre en œuvre. Avec conviction, ils nous expliquaient que les étudiants allaient découvrir une "physique dépoussiérée", "moderne", qu'avec cela, ils deviendraient "innovants" et seraient capables de plus de "créativité", ce dont la France "manquait". Ces discours ne trompaient évidemment personne.
L'heure du bilan est donc venue puisque la SFP publie cette enquête qui démontre que cette réforme est un échec. Hélas, cet échec fait et continue à faire des victimes, ne les oublions pas : trois classes d'âge à ce jour. N'oublions pas non plus qu'il y a aussi des responsables.
La SFP va-t-elle se contenter d'une demande de révision des contenus, qui, comme à l'accoutumée, sera examinée par les artisans même du naufrage ? Cela suffit. Les sociétés savantes doivent avoir le courage d'exiger un changement de méthode, et donc de personnes. Enquêter sur un désastre exige d'en analyser les causes et d'en tirer toutes les conclusions, quitte à réclamer, par principe de précaution tant à la mode, un retour en arrière en s'appuyant sur des méthodes et des contenus déjà éprouvés.
Votre travail m'incite à considérer une éventuelle adhésion à votre association. Je prendrai ma décision à la lumière des prochaines positions de la SFP sur cette question d'enseignement, qui, je l'espère, seront les plus fermes et les plus dures possibles à l'égard des causes, idéologiques notamment, qui nous ont jeté dans ce précipice.
CL, Professeur de physique
Merci d'avoir mené cette enquête avec soin et professionnalisme. Elle constitue pour nous un excellent retour pour orienter notre enseignement de telle sorte qu'on puisse "rattraper" le défaut systématique des programmes actuels de physique-chimie.
EK, Professeur
Je voudrais juste réagir à cette enquête en disant que nous sommes tous responsables de cette situation catastrophique en physique, car nous avons adhéré et accepté d’enseigner ces nouveaux programmes ( même si personnellement je ne participe pas directement). Je rends responsable toutes les personnes qui ont contribué à cette situation y compris nos chers inspecteurs, qui quand ils sont en inspection nous baratinent avec leurs fichus soi-disant méthodes pédagogiques et bla bla bla…. et qui nous parlent de physique moderne ( à propos j’ai un ouvrage « la nouvelle physique » éditions 1975 qui parle de la relativité et de la physique quantique) alors c’est quoi la physique moderne? comment peut-on comprendre cette physique si on ne maîtrise pas les bases de la physique ( je m’arrache les cheveux avec les étudiants pour leur apprendre à manipuler les vecteurs, les projections ….). Est-il normal qu’on ait supprimé totalement l’électricité du lycée?
Autre chose, comparer les anciens ouvrages avec ceux d’aujourd’hui, je serai élève en ce moment cela me découragerai pour comprendre et travailler ma physique, il faut lire des pages et des pages pour arriver peut-être à comprendre quelque chose et pouvoir retenir une relation, un théorème ou un principe (chez Nathan, terminal S, 2 tomes. tome 2 page 365: microscope à force atomique. page 366 isolation thermique d’un matériau ?????? !!!!!! un exemple parmi d'autres). Nos chers chercheurs, certes, ils sont doués, mais ils ont oublié peut-être leur parcours d’avant, ils oublient aussi que pour découvrir quelque chose, ils passent des heures et des heures à chercher ( pendant la préparation de ma thèse je ne faisait que ça, tous les jours et sur le même sujet). Alors qu’on arrête de vouloir faire découvrir aux élèves UNE relation en une heure ou plus parfois…. Lors des examens de TP BAC sujet diffraction, une élève m’a dit clairement : «mais monsieur c’est idiot on nous demande juste de recopier la formule, on nous prend pour qui? !!!!!! »
Alors s’il vous plaît, si vous voulez constituer une commission de programmes, faites intervenir des gens du terrain ceux qui sont confrontés aux réalités des élèves et non ceux qui sont derrière un bureau... Pourquoi on ne demande pas aux concernés, les professeurs, leurs avis sur les programmes ? Pourquoi doit-on enseigner parfois des choses qui sont très pointues et non compréhensibles par la majorité (spectroscopie RMN, sélectivité en chimie organique effet Doppler en astrophysique….)
J’espère que nous allons enfin décider de travailler pour faire évoluer les élèves et leur faire aimer la physique comme autrefois mais avec les progrès d’aujourd’hui, et non pour faire plaisir à ceux qui imposent les choses parce qu’elles sont leurs spécialités ou parce qu’ils ont aimé… ( autre fois les portes logiques et multivibrateur astable en terminal ????, la loi des gaz parfait a disparu….)
je vous remercie pour cette initiative et vous souhaite bonne chance
KH
Article posté le 27/10/2014