Sa spécialité : Spectroscopie des nanostructures semi conductrices - Optique non-linéaire et Optique quantique. Condensation de Bose Einstein.
Jacqueline Bloch, 48 ans, est ingénieure de l'ESPCI. Après un DEA de Physique de la Matière Condensée obtenu en 1990, elle effectue un doctorat de l’Université Paris VI, sur l'étude des propriétés optiques de fils quantiques au L2M (Laboratoire de Microstructures et de Microélecroniques) à Bagneux. Jacqueline Bloch rejoint dès 1994 le CNRS, et effectue ses recherches tout d’abord au L2M, qui déménage et devient en 2001 le LPN (Laboratoire de Photonique et Nanostructures) à Marcoussis. Elle effectue un séjour d’un an aux Bell Laboratories en 1998-1999. Jacqueline Bloch est une physicienne expérimentatrice, experte en optique quantique et non-linéaire dans les semiconducteurs. Elle s’intéresse au couplage ultime entre lumière et matière en lien étroit avec les nanotechnologies des semiconducteurs. Son parcours scientifique est exceptionnel et jalonné d'un très grand nombre de "premières mondiales", de découvertes d'effets nouveaux et spectaculaires de la physique des polaritons. |
Les polaritons de cavité sont des excitations élémentaires hybrides lumière matière issues du couplage fort entre des oscillateurs matériels (les excitons d'un puit quantique) et des photons confinés dans une cavité. Ces quasi-particules sont des bosons composites et peuvent donc occuper de façon macroscopique un même état quantique et former ainsi un condensat cohérent.
Jacqueline Bloch a été la première à montrer de façon rigoureuse les différences essentielles entre condensats de polaritons et lasers plus conventionnels (2008), sujet qui a été le centre d’un débat scientifique animé. Avec l’équipe qu’elle dirige et ses collègues technologues du LPN, elle a développé des circuits photoniques originaux sur des substrats d’arséniure de gallium, dans lesquels elle contrôle et manipule des condensats de polaritons. Elle a montré l’intérêt des polaritons pour les dispositifs tout optiques, et réalisé des amplificateurs paramétriques (2006), des lasers à polaritons (2008), des diodes (2008), des dispositifs bistables (2008) ou encore des interféromètres à polaritons (2014). Elle a étudié la propagation et la dynamique d'amplification de condensats 1D (2010,2012), l'effet d'un potentiel périodique (2013) ou encore l'effet tunnel résonnant des polaritons de cavité dans une diode tunnel à double barrière (2013).
D’un point de vu fondamental, elle utilise l’ingénierie des polaritons de cavité comme une véritable plateforme permettant d’explorer la physique des « analogues » ; grâce à la réalisation matérielle d’Hamiltoniens particuliers dans ses échantillons, elle explore la physique non-linéaire d’une grande variété de systèmes. Elle a ainsi pu étudier l’effet Josephson non-linéaire dans des molécules photoniques (cavités doubles) (2012), l'existence de cônes de Dirac pour des polaritons placés dans des réseaux en nid d'abeille (2014), l'aspect fractal d'un gaz de polaritons dans un réseau quasipériodique à la Fibonacci (2014), l’influence de la frustration de phase dans un réseau (2015), et même simuler un trou noir avec des polaritons (2015). Grace à son investissement déterminé et exceptionnel dans l'étude de la physique des polaritons et à l’excellence et l’originalité de ses travaux, son groupe se place au premier rang mondial dans ce domaine de la physique qui apparait aujourd’hui comme un système fascinant, à la frontière entre optique non-linéaire, physique atomique et physique mésoscopique .
Les travaux de recherche de Jacqueline Bloch ont donné lieu au total à 147 publications dont 102 dans les meilleures revues internationales à Comité de lecture. Elle a donné personnellement plus de 90 présentations invités et séminaires. Tout au long de sa carrière, elle a maintenu une activité d’enseignement, dans des écoles d’ingénieur (ESPCI et ENSTA), auprès d’étudiants de Master2 ou dans des écoles internationales. Au printemps dernier, elle a été recrutée comme Professeure Chargée de Cours au département de Physique de l'Ecole polytechnique.
La carrière scientifique de Jacqueline Bloch est exemplaire et c'est pourquoi la SFP lui décerne le Prix Jean Ricard 2015 avec toutes ses félicitations.
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Jury du Prix Jean Ricard 2015 :
Alain Fontaine - Président de la SFP
Michel Spiro - Vice-Président de la SFP
Patrick Bruno - directeur du groupe théorique de L'ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) - lauréat du Prix Jean Ricard 2009
Gilles Chabrier - Directeur de recherches au CNRS, CRAL ENS Lyon - lauréat du Prix Jean Ricard 2010
Elisabeth Charlaix - Professeur à l'Université Joseph Fourier, Grenoble - lauréate du Prix Jean Ricard 2006
Anne-Isabelle Etienvre - Directrice du Service de Physique des Particules (SPP) Saclay - CEA
Henri Mariette - Directeur de recherches au CNRS, Néel CNRS Grenoble
Didier Normand - Chef de l'Institut Rayonnement-Matière (IRAMIS) Saclay - CEA
Sylvie Rousset - Directrice de Recherche au CNRS - MPQ Vice-Présidente de l'Université Paris-Diderot
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Article posté le 23/10/2015